cours : L'Amérique, puissance du Nord, affirmation du Sud

Publié le par mathieu

Introduction

La mondialisation accélère les échanges et les interdépendances entre les pays mais cette intensification des échanges concernent d’abord des pays voisins ou proches évoluant dans le même espace « régional ». Des aires continentales se dessinent dont nous allons chercher à comprendre les dynamiques.

L’aire continentale américaine est bien sûr dominée par les Etats-Unis dont la puissance s’impose, bien plus qu’ailleurs dans le monde, à tout le continent mais cette puissance ne va sans susciter de tensions ou de résistances. Les autres Etats utilisent aussi l’aire continentale pour déployer leur puissance, notamment un Etat comme le Brésil.

Problématique du cours : comment la puissance des Etats-Unis impose-elle sa marque à toute l’aire continentale américaine, selon quelles modalités mais aussi avec quelles frictions ?

Le traitement du cours se fera à l’échelle continentale mais aussi avec deux études comparatives sur les Etats-Unis et le Brésil.

1 : le continent américain, entre intégration et tension régionales

1.1 : les contrastes de développement

1.2 : la dynamique d’intégration régionale

1.3 : le maintien des tensions régionales

2 : Organisation et dynamiques territoriales de deux Etats « continentaux »

2.1 : Gestion des milieux et des ressources

2.2 : Les dynamiques métropolitaines

2.3 : Une maitrise inégalement aboutie du territoire

3 : Ambition mondiale et concurrence régionale

3.1 : l’Amérique vue des Etats-Unis : l’arrière-cour de la puissance mondiale

3.2 : l’Amérique vue par le Brésil : un leadership régional pour faire émerger la puissance

3.3 : Rivalités et complémentarités

1 : le continent américain, entre intégration et tension régionales

1.1 : les contrastes de développement

Un premier coup d’œil permet de mettre en évidence deux Amériques : d’une part, les Etats-Unis et le Canada, deux pays riches et développés et de l’autre, des pays émergents et moins développés. A gros traits, cette opposition recouvre deux modèles de développement historique : au nord, une Amérique anglo-saxonne dont l’économie s’est diversifiée et industrialisée plus tôt et, à partir du Mexique, une Amérique hispanique où la colonisation et le privilège de l’exclusif colonial ont conforté des économies extraverties soit sur des productions agricoles ou minières.

Pourtant, ce constat est à nuancer :

- les niveaux de développement : si globalement l’Amérique anglo-saxonne est celle d’un monde riche et développé, on peut distinguer en Amérique latine les pays du Cône Sud, relativement développés et industrialisés (Argentine, Chili, Uruguay), des grands émergents (Mexique, Brésil) et à l’opposé du spectre des pays très mal développés comme les pays d’Amérique Centrale dont un PMA (Haïti). On retrouve ces contrastes de développement à l’intérieur même de certains pays avec des régions andines par exemple enclavées et des régions littorales plus dynamiques.

- sur le plan culturel, les limites ne sont pas si nettement tranchées : un bon tiers des Etats-Unis est influencé par la culture hispanique par exemple, la communauté hispanique représente déjà 15% de la population américaine et peut-être 30% d’ici 2050. Dans l’autre sens, la culture américaine envahit l’Amérique Latine : à côté des biens de consommation, cette offensive se traduit aussi par l’expansion des églises évangéliques sur des terres traditionnellement catholiques. Enfin, les cultures hispaniques et anglo-saxonnes ne sont pas les seules à façonner le paysage américain, la culture anglo-saxonne s’est constitué aussi avec un apport « noir », il existe des cultures créoles notamment autour du français dans l’espace caraïbe, et bien sûr des cultures indiennes parfois majoritaires dans les régions andines par exemple.

La difficulté à délimiter les frontières de l’espace américain se retrouve dans le vocabulaire avec des expressions comme Amérique Anglo-saxonne/ Amérique Latine ou comme Amérique du Nord/du Sud qui ne désignent pas tout à fait les mêmes réalités géographiques.

On peut retenir en tout cas, que les sociétés américaines sont nées de la projection de l’Europe sur l’Amérique mais qu’elles ont donc dû se construire de manière diverse sur la question du métissage.

1.2 : la dynamique d’intégration régionale

On appelle « intégration régionale » le processus de renforcement des liens entre les différents territoires d’un même ensemble géographique, ici il s’agit discuter essentiellement du renforcement des liens entre les différents Etats qui composent l’Amérique comme aire continentale.

La proximité culturelle, linguistique notamment, entre les Etats américains est un facteur très favorable.

Ce processus est ancien, dès la création des Etats américains (fin 18ème-début 19ème siècle), des unions ont été envisagées : les Etats-Unis sont une fédération autour de laquelle se sont agrégées les anciennes colonies britanniques à l’exception du Canada, le « libérateur » de l’Amérique Latine, Simon Bolivar, a rêvé d’unir les différentes républiques en un Etat fédéral. Le bolivarisme est un mythe tenace de l’imaginaire politique latino-américain.

La mondialisation a relancé ce processus sur des bases économiques à partir des années 80 et le mouvement s’est amplifié depuis. Il s’est agi essentiellement de favoriser le libre-échange des marchandises et des capitaux. On observe que cette dynamique des échanges internationaux a d’abord profité aux échanges internationaux entre Etats voisins. Des accords douaniers et tarifaires ont été conclus : ALENA (Association de Libre Echange Nord-Américain ou NAFTA), MERCOSUR, Système d’intégration centraméricain (SICA) ALBA, CAN (Communauté Andine des Nations), CARICOM.

Les échanges commerciaux ont fortement augmenté.

Cette intégration régionale est un acteur puissant de la réorganisation des territoires américains, à toutes les échelles. On peut donner ici l’exemple des échanges Nord/Sud de la Mexamérique.

A l’échelle des territoires frontaliers, on observe le développement des « twin cities » dynamisées par les échanges : au Mexique, les villes frontalières se sont couvertes de zones industrielles (maquiladoras) vers lesquelles les entreprises américaines ont délocalisé des productions qu’elles réimportent ensuite sans frais de douane. La frontière n’est cependant pas un espace totalement ouvert, au contraire, elle devient un enjeu sécuritaire important pour lutter contre l’immigration illégal et le trafic de drogue.

A plus petite échelle, on peut noter que ces échanges ont ruiné une partie de la paysannerie mexicaine (notamment dans les Etats du Sud) et d’Amérique centrale et entretiennent en retour un fort exode rural à destination des grandes villes (Mexico, villes frontalières) mais aussi des Etats-Unis où les hispaniques représentent plus de 20% de la population dans des Etats comme le Texas…

De la même manière, ces échanges concernent aussi le trafic de drogue : les marchés sont aux Etats-Unis mais la production pour des raisons sécuritaires et agricoles se retrouvent au sud de la frontière. La militarisation de la lutte contre ce trafic a repoussé les cultures toujours plus loin et ce sont des mafias qui organisent le trafic, certains territoires sont très déstabilisés (corruption très importante de l’appareil politico-sécuritaire), extension de la consommation, développement de la violence.

1.3 : le maintien des tensions régionales

A refaire :

Exemple de la Bolivie

- tensions régionales sur les frontières

- la question sociale et la question indienne ont aussi des traductions territoriales

- la question « impérialiste » trouve aussi son expression dans les enjeux géopolitiques : arrivée au pouvoir d’un allié au Venezuale (bolivarisme), rejet des EU et des tracés de gazoducs vers Pacifique (via Chili), orientation vers le Brésil ?

L’intégration régionale n’a pas éliminé toutes les tensions.

La plus forte de ces tensions est régionale justement.

Les Etats-Unis considèrent depuis la fin du 19ème siècle que l’Amérique Latine est leur arrière-cour : ils ont écarté les puissances européennes du continent et revendiquent de pouvoir défendre leurs intérêts économiques y compris par la force (Canal de Panama, soutien aux « républiques bananières », renversement du régime d’Allende au Chili en 1973 et soutien aux dictatures).

Les courants anti-impérialistes c’est-à-dire anti-américains dénoncent la mainmise croissante du capitalisme américain sur le continent, reprenant en cela une dénonciation ancienne qui était déjà à l’œuvre lors de la révolution mexicaine (1910), castriste (1959) par exemple. Actuellement, le pays en pointe dans cette dénonciation est le Venezuela : le pays exporte une grande partie de son pétrole vers les Etats-Unis et les luttes politiques opposent un gouvernement « populiste » favorable aux nationalisations et à la redistribution à des élites plus libérales et liées aux Etats-Unis. Le Venezuela a connu quelques succès dans sa dénonciation des Etats-Unis (ALBA).

A ces tensions continentales, il faut ajouter les tensions nationales. Les frontières ne provoquent pas de guerre depuis la Guerre des Malouines (Argentine/Royaume-Uni) mais font l’objet de certaines revendications (celles de la Bolivie par exemple) ; les budgets d’armement augmentent. Tout l’enjeu de l’intégration régionale consiste notamment à transformer des frontières conçues comme des fronts en ponts entre les Etats. La Bolivie fournie un bon exemple de cette possibilité avec la mise en valeur des gisements gaziers de Santa Cruz par des projets de gazoducs vers la Paraguay.

A une échelle plus fine, on peut remarquer que les dynamiques de la mondialisation et de l’intégration régionale renforcent les inégalités dans la redistribution de certaines richesses. En Bolivie, la question des énergies a relancé la question indienne : les populations indiennes des hauts plateaux andins et des bidonvilles se sont opposées aux projets d’exportation du gaz vers le Chili mené par un gouvernement libéral, blanc et pro-américain. Elles réclament d’avoir accès elles d’abord à l’énergie et aux retombées de la rente et leur reconnaissance à part égale avec les autres groupes et notamment avec les élites, blanches, libérales et mieux intégrées à l’économie mondiale… La majorité indienne porte pour la première fois au pouvoir un président indien (Evo Morales). La minorité blanche menace en retour de faire sécession dans les régions pétrolifères et peu occupées d’Amazonie.

L’intégration régionale est restée essentiellement un phénomène économique, capitaliste pour l’essentiel et qui génère de fortes inégalités socio-spatiales. Celles-ci génèrent des tensions : la dénonciation des Etats-Unis reste vive mais c’est un phénomène ancien qui a surtout alimenté les nationalismes. Le phénomène le plus nouveau est l’aspiration à une intégration régionale à caractère plus politique, notamment pour contrebalancer l’influence américaine. Pour poursuivre avec l’exemple bolivien, la crise politique est gérée aussi dans l’espace régional avec les discussions sur l’accès au Pacifique (côté chilien) et le tracé d’oléoducs vers le Brésil.

2 : Organisation et dynamiques territoriales de deux Etats « continentaux »

On choisit de présenter

Etats-Unis/ Brésil : deux géants continentaux qui représentent en superficie 17 et 15 fois la France avec des populations respectives de 316 et 200 millions d’habitants.

2.1 : l’appropriation du territoire

L’appropriation du territoire national et son peuplement ont été le fait d’un processus colonial et en portent encore la marque. On peut distinguer ainsi plusieurs types d’espaces :

- L’ancien foyer de peuplement colonial : il s’agit dans les deux cas, d’un espace littoral soulignant l’importance des ports dans l’histoire de ces pays. Les densités de peuplement et le maillage du territoire par les réseaux de transports y sont les plus forts et obéissent à des gradients qui sont ceux de l’histoire de la mise en valeur du territoire. Les fonctions de commandement y sont conservées.

- A l’opposé, le reste du territoire est constitué d’espaces de moindres densités. : ce sont les territoires des « grands espaces » qui sont encore des « fronts pionniers » ou qui ne le sont plus mais qui en portent encore la marque. Ces espaces sont aussi investis par un imaginaire « pionnier » encore fort, ce sont les territoires de l’aventure, de la confrontation avec la nature et d’une certaine violence mais aussi de la chance et de la réussite. On peut donner évidemment l’exemple du Far West américain mais aussi de l’El Dorado amazonien.

On peut distinguer un 1er type d’espace, celui des faibles densités où l’espace même est une ressource, ce qu’on appelle l’espace de réserve. Il est mis en valeur pour l’exploitation des ressources agricoles/énergétiques/ minières avec des modes d’exploitation pionnière.

On peut au moins citer deux exemples de cette utilisation de l’espace :

- les régions dédiées à l’agriculture intensive et très productiviste : la taille des exploitations et du parcellaire (avec un facteur 10 ou 100 par rapport à l’Europe) permet à de grandes entreprises d’investir et de faire des économies d’échelles. La faiblesse des densités démographique a poussé aussi à la mécanisation.

- les régions pétrolifères : les réserves sont importantes à l’échelle mondiale. Aux Etats-Unis, l’exploitation est ancienne et elle est constitutive du capitalisme américain (Houston, Dallas). La prospection de nouvelles zones notamment dans le Golfe du Mexique puis en Alaska avec les schistes bitumineux a renouvelé le secteur ; au Brésil, c’est le pétrole off-shore.

Cette mise en valeur est souvent synonyme de gâchis écologique par ailleurs. Malgré les pressions économiques très fortes, il y a un mouvement qui milite pour la sanctuarisation de certains espaces avec la création de réserves écologiques. Le 1er parc naturel au monde est américain (Yellow Stones). Cette mise en réserve implique souvent des acteurs locaux (indiens) et des acteurs plus globaux (touristes des villes, ONG).

2.2 : Les dynamiques urbaines

Si l’on observe donc bien une relative faiblesse des densités de population à l’échelle nationale, le phénomène urbain est néanmoins une réalité très marquée dans les deux pays : les taux d’urbanisation sont élevés (82% pour les Etats-Unis, 85% pour le Brésil) et les très grandes villes nombreuses avec des mégapoles comme New York (23 millions d’habitants sur l’aire urbaine), Los Angeles (18) du côté américain et Sao Paulo (21) et Rio (12) du côté brésilien. La constitution de régions urbaines (mégalopole) est ancienne aux Etats-Unis, elle se poursuit avec l’émergence de nouvelles mégalopoles ; au Brésil, le « triangle » formé par Sao Paulo-Rio- Belo Horizonte trouve son prolongement vers Montevideo et Buenos Aires.

On peut interpréter cette dynamique urbaine de deux manières :

- D’une part, c’est un phénomène lié à la mondialisation : ces grandes villes attirent les fonctions de commandement et sont reliées les unes aux autres grâce à de bonnes infrastructures de transport et de communication. On parle alors d’un phénomène « métropolitain ». Les métropoles américaines, New York, Los Angeles mais aussi les métropoles de Rio et Sao Paulo jouent un rôle d’entrainement et de dynamisation de l’économie : on y trouve les centres financiers (les CBD au style architectural américanisé) mais aussi les centres de haute technologie (universités) et un rôle de plus en plus fort dans le tourisme international.

- On peut aussi parler d’un modèle urbain « américain » différent des modèles européens et autres. Les villes n’ont pas une histoire ancienne, le centre-ville historique n’est pas le même par exemple. Deux caractéristiques très fortes sont à souligner :

  • Ce sont des villes étalées, fortement consommatrices d’espace, aux Etats-Unis la « suburb » résidentielle avec ses maisons spacieuses s’est développée grâce à l’automobile. Ce modèle est également « énergivore » avec notamment des villes comme Las Vegas construite en plein désert. Au Brésil, les quartiers périphériques ont été longtemps dominés par les favelas, des quartiers d’habitat informel ; aujourd’hui, ils sont en voie de résorption, de « durcissement ».
  • D’autre part, les sociétés américaines sont marquées par des inégalités sociales plus grandes qu’en Europe, dues notamment à un modèle social plus « libéral ». Les ségrégations socio-spatiales sont encore plus accentuées qu’en Europe et certains espaces urbains qui relèvent chez nous de l’espace public, sont des espaces « privatisés ». C’est notamment le cas des « gated communities » très développées.

2.3 : Une maitrise inégalement aboutie du territoire

Les deux pays présentent donc bien des caractéristiques communes : leur rapport à l’espace n’est pas le même qu’en Europe. Les imaginaires pionniers sont encore forts là où, au contraire, l’Europe va plutôt valoriser une notion spatiale comme l’enracinement. De fait, ces imaginaires sont un stimulant favorable aux mobilités internes sur le territoire : les deux espaces sont affectés par des mouvements de redistribution de la population plus puissants qu’en Europe. Aux Etats-Unis, depuis un demi-siècle, on assiste à la montée en puissance des ceintures périphériques (« la Sun Belt ») tandis qu’au Brésil, le Nordeste alimente un exode rural important vers les villes du Sud mais aussi vers l’Amazonie.

Cette comparaison trouve évidemment sa limite dans les différences importantes de développement entre les deux pays.

Aux Etats-Unis, l’appropriation du territoire est plus aboutie, les aménagements sont assez complets. Tout le territoire est relativement bien maillé notamment par les réseaux de transport, par l’automobile et l’avion plus que par le train par ailleurs. La nouvelle organisation du territoire se superpose à l’ancienne, le dynamisme des espaces frontaliers, des espaces de la Sun Belt ne vient pas détruire une géographie qui reste dominée par la présence du cœur traditionnel américain sur la façade atlantique et qui reste assez dynamique. C’est le signe d’une économie diversifiée et d’une société développée. On observe cependant quelques cas de « villes rétrécies » comme à Détroit où la crise de l’automobile et des subprimes ont ruiné la ville et contraint une partie de la population a abandonné la ville. Le risque des fractures territoriales n’est pas nul.

Au Brésil, l’appropriation du territoire est plus discontinue et inégale. Chaque cycle économique a développé une région particulière du pays, la laissant parfois très affaiblie lors des retournements de conjoncture. On a parlé d’un pays-archipel. L’émergence de l’économie brésilienne dans la mondialisation est le cycle actuel : le Sud en profite assez largement, avec des dynamiques positives en termes d’emplois et d’élévation du niveau de vie. Le Centre-Ouest qui mise sur l’agriculture commerciale (élevage, soja, canne à sucre) reste prisonnier d’un modèle très dépendant des exportations agricoles. Le Nordeste reste assez rural et pauvre, la crise y est persistante et les réformes sociales de Lula et Roussef (Parti des Travailleurs) rencontrent de nombreuses limites. L’intégration du Brésil à l’économie mondiale reste donc un phénomène inégalitaire.

3 : Etats-Unis, Brésil : le rôle mondial

Travail-maison

Etats-Unis, Brésil : le rôle mondial

Ce sujet pose implicitement la question de la « puissance » et votre problématique doit développer cette notion. La leçon d’histoire dédiée à la puissance américaine est très utile ici sur le plan des connaissances mais aussi de la méthode en déclinant les différents aspects de la puissance.

Je vous propose de travailler sur ce sujet de manière autonome en menant deux recherches :

1- A l’aide de votre manuel, comparez le poids de la puissance américaine et brésilienne sous forme de tableau.

2- Faites une recherche biographique sur deux présidents Obama et Lula da Silva : quel est leur parcours personnel, quelle a été leur politique ?

Ce travail de recherche terminé, rédigez les deux paragraphes manquants dans cette composition.

3.1 : Deux puissances de poids très inégal

La comparaison entre les deux pays peut mettre en évidence quelques points communs, notamment dans la structure économique des deux pays qui bénéficient tous les deux d’un grand potentiel minier, énergétique et agricole. Sur la scène mondiale, ce sont des géants de l’exportation mais ils s’attirent aussi les critiques du monde entier pour la mise en valeur de ces potentiels, c’est particulièrement le cas pour l’Alaska avec l’exploitation des schistes bitumineux et surtout pour l’Amazonie que certaines ONG voudraient sortir du domaine exclusif de compétence de l’Etat brésilien.

Les différences l’emportent évidemment sur les points communs tant les niveaux de développement sont inégaux

Etats-Unis : l’hyperpuissance contestée

Brésil : une puissance émergente

Puissance économique

  • PIB : 16 000 milliards $ (OCDE)
  • IDH : 0.93 (3ème)
  • Economie diversifiée
  • Forte présence sur les nouvelles technologies
  • La puissance financière et le rôle du dollar ont été remis en cause par la crise de 2008 mais semblent rester des éléments de la stabilité mondiale.
  • PIB : 2 000 milliards $
  • IDH : 0.74 (80ème rang)
  • Economie peu diversifiée, extravertie et dépendante.
  • Une économie fragile et exposée aux aléas financiers et monétaires.

Puissance militaire

  • 1ère puissance militaire mondiale
  • Potentiel militaire : dissuasion nucléaire, forces de projection aéronavales.
  • Pas de tradition d’intervention.
  • Un potentiel militaire faible mais un réarmement en cours.

Puissance culturelle

  • La première industrie culturelle (cinéma, musique, internet…).
  • L’anglo-américain comme langue mondiale.
  • Américanisation des modes de vie dans le monde.
  • Une industrie culturelle « low cost » : les télénovellas.
  • Une communauté lusophone présente sur trois continents.
  • Une culture traditionnelle faite de métissage et qui subit une forte américanisation.

Le leadership

  • Un modèle de référence dans le monde (politique, juridique, idéologique) et une puissance impliquée dans le droit international (ONU, Conseil de Sécurité).
  • Un réseau solide d’alliances notamment avec le camp occidental (Europe, Australie, Japon).
  • Une puissance qui nourrit aussi un fort ressentiment à son encontre (PMO, Amérique Latine).
  • Le Brésil cherche à obtenir une meilleure visibilité internationale (G20, demande de membre permanent au Conseil de Sécurité).
  • Volonté de rééquilibrer les Suds face au Nord : initiatives diplomatiques communes, organisation d’un forum des BRICS.
  • Une voix de l’altermondialisme : une figure Lula, expériences de démocratie participative (Porto Alegre).

3.2 : les politiques de puissance face à la mondialisation

Les parcours de deux personnages Lula et Obama et leurs orientations politiques sont révélatrices de la manière dont les deux puissances se sont redéfinies.

  • Une hyperpuissance recentrée

Les Etats-Unis restent au cœur des flux mondialisés et elles les organisent en grande partie : sa façade atlantique et sa façade pacifique la mettent en relation avec les deux autres aires de puissance, l’Europe et l’Asie. Néanmoins, les Etats-Unis ne sont plus le centre unique de la puissance et ils doivent trouver leur place dans un monde multipolaire où des pôles concurrents s’affirment parfois contre eux et leur résistent. La présidence d’Obama est révélatrice des inflexions de la politique américaine : Barack Obama est le premier président noir américain, il est né à Hawaï et son tropisme le porte plus vers les nouveaux horizons asiatiques que vers la vieille Europe (« le pivot »). La présidence démocrate a essentiellement été consacrée à la relance de la machine économique américaine suite à la crise de 2008 moyennant quelques aménagements dans le capitalisme américain (une petite sécurité sociale pour les exclus, un renforcement des contrôles sur la finance). Sur le plan international, il a pris acte de marge de manœuvre réduite, il cherche à retirer les Etats-Unis du PMO, peut-être d’Europe et a voulu réorienter la politique américaine vers l’Asie, notamment pour faire contrepoids à la Chine.

  • Une puissance émergente assumée

Le Brésil cherche à s’affirmer comme une puissance du Sud : il s’agit à la fois d’obliger les puissances du Nord à modifier les anciens équilibres tout en participant plus activement à la vie internationale. La présidence a été un test réussi de ce point de vue. Lula est un homme de gauche, issu du syndicalisme ouvrier et de la lutte contre la dictature et sa candidature a été portée par un vote populaire en faveur de réformes sociales. Les réformes ont été engagées (la Bolsa Familia) mais sans remise en cause du système capitaliste, avec même une certaine rigueur financière qui a stabilisé l’économie brésilienne et qui suscite parfois des insatisfactions au sein de son propre camp (sur la réforme agraire). Sur la plan international, Lula a également marché sur la ligne de crête : le pays rejoint le G20 en 2008, il est organisateur du Mondial 2014 et des JO 2016 mais il s’active aussi pour définir une voie diplomatique originale en liaison avec d’autres pays du Sud, avec la Chine mais aussi avec des ennemis déclarés de l’Occident (Iran, Venezuela, Cuba) sans toutefois les suivre.

3.3 : les concurrences régionales

Les deux puissances ont globalement de bonnes relations à la fois du fait de la modération brésilienne et de la volonté actuelle des Etats-Unis d’avoir une approche moins unilatérale des questions internationales.

Néanmoins, les deux puissances sont en concurrence sur le sous-continent et leur vision ne sont pas les mêmes.

  • Les Etats-Unis considèrent historiquement l’Amérique comme « leur arrière-cour » et cherchent à y obtenir la plus grande marge de manœuvre. Leur projet d’élargissement du marché commun nord-américain à toute l’Amérique a été rejeté. Depuis les années 2000, l’Amérique du Sud a basculé à gauche, la contestation anti-américaine est plus forte et les Etats-Unis sont à la peine pour trouver un relais à leurs ambitions régionales. Même le Mexique fait part de ses griefs dans une ALENA tournée bien plus vers l’Asie que vers sa marge sud.
  • Le Brésil cherche à développer l’intégration régionale autour de son économie. Il propose par exemple de créer une communauté sud-américaine (UNASUR/UNASUL) sur la base du libre-échange mais aussi de projets politiques (monnaie commune, parlement, infrastructures transfrontalières partagées). Le projet est conçu comme un contrepoids aux Etats-Unis et le Mexique en est a priori exclu. Ce projet est en discussion mais doit prendre en compte les réticences des partenaires éventuels, à commencer par l’Argentine, qui dénoncent un petit impérialisme brésilien. Sur le fond, la construction de cet espace passe par l’équilibre à trouver entre sa façade atlantique brésilienne et sa façade pacifique.
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